Carte d'initiée au nom de Diane Modigliani pour la cérémonie de l'initiation religieuse (1908)


Carte d'initiée au nom de Diane Modigliani pour la cérémonie de l'initiation religieuse, au Temple de la rue de la Victoire, le 11 juin 1908. « Il est expressément recommandé aux initiées de se munir de leur carte et de la présenter à l’entrée au Temple.La cérémonie commencera à 3 heures. Les portes seront ouvertes à 1h1/4 et fermées à 2H3/4 Avis : Les jeunes filles ne devront pas quitter à l’intérieur du Temple le Cortège qui sera formé à la fin de la cérémonie ; elles passeront par l’Oratoire pour se rendre dans la Galerie extérieure où elles seront rejointes par leurs familles » Programme de la cérémonie religieuse joint. Recommandations sur feuilles volantes jointes : "Les initiés doivent être profondément pénétrés de l'importance de l'acte de foi qu'ils accomplissent." "A l'issue de la cérémonie, les jeunes filles seront reconduites en cortège dans la galerie extérieure où les parents viendront les rejoindre en passant par l'oratoire. Sous aucun prétexte, elles ne devront quitter le cortège à l'intérieur du Temple." Copie phonétique du shéma.

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Date de publication
1908-06-11
Siècle
20
Régime ou époque
Troisième République
Région
Europe de l'Ouest > France
Lieu d'édition
Paris
Pays d'édition
France
Thématique
Synagogues - Temples
Rites de passage > Bat-mitsva
Type de document
Carte d'adhésion - d'inscription - nominative
Langue principale
français
Format
In 16
Nombre de pages
2
Propriété
Collection Nicolas Philippe
Remarques sur le contexte historique

Le jeudi 11 juin 1908, en début d’après midi,Diane Modigliani, vêtue de blanc ,. présente au bedeau du temple de la Victoire cette « carte d’initiée » , de couleur grise qu’elle a conservée , coupée aux quatre coins par les services du contrôle sur laquelle son nom , son prénom sont encrés à la plume d’oie. La cérémonie débute à trois heures. Un cortège de petites filles et de petits garçons se forme. Selon les instructions contenues sur la carte d’initiée , ce mouvement doit s’effectuer « en silence, sans précipitation » Il est aussi recommandé de ne pas communiquer par signes avec les parents, amis ou professeurs, de ne pas converser « même à voix basse." Rien ne doit perturber la pompe d’une cérémonie qui se veut solennelle. En mai 1892, le journal des Archives Israélites en décrit l’éclat « que les autres cultes pourraient nous envier » avec une pointe d’ironie acerbe : »Fleurs , chants sacrés, musique harmonieuse, prédication suave … » Le cortège de Diane Modigliani récite en français et en hébreu les principes constitutifs de la loi juive. Un employé de la synagogue leur a distribué une copie en phonétique de la prière du Shema Israel. Les parents, les amis forment leur seul auditoire. Les fidèles qui ont suivi l’ office de sha haarith se sont dispersés dans la matinée. La cérémonie de l’initiation religieuse des jeunes filles n’est pas intégrée au rituel. Au contraire, les jeunes garçons qui passent leur bar mitzva sont invités à lire devant toute la communauté la péricope de la semaine , au cours de l’office du jeudi ou de celui du shabat le samedi matin Il n’est pas donné à Diane Modigliani d’assister à la sortie de la Thora. Néanmoins, dans le programme distribué aux initiés , il leur est recommandé d’ »être profondément pénétrés de l'importance de l'acte de foi qu'ils accomplissent." La cérémonie de l’initiation religieuse a été instituée au début des années 1840. Un article de juin 1843 paru au journal Archives Israélites indique que " les filles " vêtues dde blanc seront reçues dans la maison du Seigneur" ( cité par Béatrice Pgilippe, les Juifs et l'identité française p 170)Le Consistoire s’est inspiré d’ une pratique d’Outre Rhin. Ses partisans comme ses détracteurs la présentent comme une « innovation « Quand , le 13 juin 1878, dans ce même Temple de la Victoire, le grand rabbin de France , Zadoc Kahn, en fait un vibrant hommage , il ne se réfère à aucune tradition . Il assume que c’est une innovation qui ne se rattache à aucune expérience antérieure. Ce sont les temps modernes qui l’ ont rendu nécessaire : « La famille juive n’est plus que rarement une école de religion et de piété. » Le rabbin rend hommage à la piété des aïeux : « Dans les temps anciens , la religion était la compagne assidue et inséparable de la maison , elle réchauffait de sa présence notre existence toute entière. Alors « le cœur de la jeune fille s’ouvrait tout naturellement aux émotions de la foi comme une jeune plante qui se développe et se fortifie sous les rayons d’un soleil bienfaisant » Ces temps sont révolus. Les contemporains ne vivent plus de la même façon. Le rabbin ne leur lance pas d’anathème, pas même de reproches . Il fait simplement le constat des « changements profonds que les temps modernes ont apporté à notre manière de vivre » et il s’adapte. Il appartient désormais à la communauté entière de pourvoir à ‘une éducation religieuse sérieuse et approfondie » dont la cérémonie marque le couronnement. Pourtant , d’autres commentateurs trouvent à cette cérémonie des lettres de noblesse : « les Anciens ont connu l’Initiation sous le nom de Hinouch » relève le journal des Archives Israélites dans son édition du 26 mai 1892, et il poursuit : »le Talmud , qui a fait de l’étude de la Loi le devoir fondamental du judaisme () insiste sur la nécessité , l’obligation pour les parents d’initier leurs jeunes enfants , dès leur plus jeune âge , à la pratique des prescriptions religieuses » Les traditionnalistes boudent la cérémonie, n’y envoient pas leurs enfants. Zadoc Kahn déplore ces absences. Les articles de la Presse juive moquent la légéreté d’une instruction expédiée en quelques semaines , la trop grande indulgence des maitres, la nullité des élèves : « Quand un enfant sait tant bien que mal lire un passage de notre Rituel et donner la signification d’une demi douzaine de mots hébraiques, () quand il ne se brouille pas trop dans la chronologie des rois et récite convenablement les 13 articles de la Foi, il est jugé dignus intrare ad Snagogam. »( Archives Israélites,7 mai 1885) Le contenu de l’enseignement est jugé « artificiel », purement théorique. Les enfants ne connaissent rien du culte, ou de la pratique du judaisme. Les Archives israélites demandent une réforme : deux examens au lieu d’un, l’assistance obligatoire aux offices, la familiarisation avec les objets du culte, Taleth, tefilin La cérémonie elle-même présente trop de ressemblances avec la première communion catholique. Dans son édition du 14 juillet 1932, le même journal consacre un article à « la décadence de l’initiation religieuse ». A Strasbourg, la cérémonie a été supprimée. A Paris, le nombre d’élèves décroit « cependant que le chiffre de la population israélite n’a fait que progresser » En juin 1936, le journal alsacien Tribune Juive rend compte d’une cérémonie et la dénigre : « Elle ne correspond pas nécessairement à l'esprit juif () , elle est « empruntée à un autre culte»( TJ 19 juin 1936)

Les filles accèdent à l'âge adulte à 12 ans, un an avant les garçons parce qu'elles ont plus d'intelligence et de sagesse qu'eux (Guémara, Niddah 45b) La Bat Mizvah aurait été conçue par un rabbin réformiste américain, Mordehai Kaplan. en 1922. Avant lui, le rabbin Joseph Haim ( 1883-1909) avait recommandé cette célébration dans son ouvrage Ben Ish Hai.

N° boîte
B01
N° d'inventaire
D030b
Permalien
https://fhju.fr/idurl/1/1055


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