Jacques Aghion n'obtient plus d'avances du Mont de Piété d'Alexandrie en 1914


Lettre tapuscrite signée de Jacques M. Aghion, 14 rue Stamboul, Alexandrie à Albert ( Scemama son beau frère médecin) 28 novembre 1914 Il répond à sa lettre adressée à sa sœur Rachel ( épouse de Jacques) Il fait une mise au point concernant des comptes de mensualités. Il se débat dans des problèmes financiers. L’année commerciale est perdue à cause de la guerre. « Nous vivons au jour le jour et nous ne soutenons que par des miracles d’équilibre car tu n’ignores pas que je n’ai pas de capitaux et que je ne vis que de mon travail » « Si un nouvel effort m’était possible,je suis obligé d’y renoncer car le Mont de Piété n’avance plus et nulle part malgré ma famille et mes relations je ne saurais trouver aucun concours pécunier » Les reproches d’Albert sont injustes« Il a fallu se saigner aux quatre veines pour envoyer les remises faites au cours des trois derniers mois () Personne au monde ne se serait allé jusqu’aux privations et sacrifices que nous nous sommes imposés volontairement à seule fin de vous venir en aide »

Auteur
Aghion, Jacques M.
Date de publication
1914-11-28
Siècle
20
Régime ou époque
Première Guerre Mondiale
Région
Proche et Moyen-Orient > Egypte
Proche et Moyen-Orient > Egypte > Alexandrie
Lieu d'édition
Alexandrie
Pays d'édition
Egypte
Parcours de vie
Salomon Scemama
Thématique
Finance
Type de document
Lettre tapuscrite
Langue principale
français
Format
In 4
Nombre de pages
4
Propriété
Collection Nicolas Philippe
Remarques sur le contexte historique

Jacques M Aghion est issu d’un milieu aisé. Sa femme Rachel, qu’il épouse à Corfou en 1887 est une des héritières du Caid Samama, le ministre des finances du bey de Tunis, qui a amassé une fortune considérable Son père, Moise Aghion , est un banquier en vue à Alexandrie , qui a obtenu la protection hollandaise en 1882. Le régime dit des capitulations permet à ceux qui y sont admis d’échapper à la loi locale et de bénéficier de la loi de l’Etat protecteur . La moitié de la population juive en Egypte dispose d'un tel statut. A 56 ans , Jacques M Aghion n' a, semble t il , ni capitaux , ni revenus Dès sa jeunesse, il a utilisé les facilités du Mont de Piété et il s'est servi de la protection hollandaise de son père pour se sorir d'une difficile affaire En 1884 , il a 22 ans , se trouve à Paris et fait la rencontre un certain Maurice Emmanuel à qui il achète 10 000 fcs de bijoux payables par une traite à 90 jours Muni de ce trésor, il le met en gage au Mont de Piété et dépense l'argent du gage. Comme le relèvera la Cour d'appel d'Alexandrie: « A peine en possession des bijoux , il s’est empressé de les engager pour se procurer de l’agent qu’il a dissipé sans que manifestement il en soit résulté pour lui aucun profit personnel" N'ayant pas payé la traite, il s'oppose à la demande de paiement de son vendeur en arguant du fait qu’à la date de sa signature il était mineur ( 22 ans) au regard de la loi hollandaise Pour la Cour « il est généralement admis que la protection étrangère accordée à un sujet local dans les Etats dépendant d’un Empire ottoman s’entendent du vivant de son père à ses enfants mineurs" Jacques Aghion ne peut donc être condamné puisqu'il était incapable de prendre un engagement du fait de son âge Son père Moise sauve son honneur en récupérant au Mont de Piété les bijoux que Jacques  a déposé au greffe de la Cour en offrant de les restituer. La Cour entre dans ses vues ( CA Alexandrie 28 2 1888)

Bibliographie
Jacob M Landau "Jews in 19th century", 354 p NY University Press , 1969
N° boîte
B18
N° d'inventaire
D078
Permalien
https://fhju.fr/idurl/1/1284


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