Sous l’impulsion du capitaine Irmiyahu Halperin, le mouvement sioniste de droite BETAR a créé en 1931 un département de préparation aux activités maritimes. L’activité se greffe à celle de l’école militaire de Cittavecchia près de Rome où entre 1934 et 1938, des centaines de militants, venus de Pologne et de Palestine suivent des cours La même année l’Italie fasciste a autorisé le Comitato Italiano di Assistenza degli ebrei profughi dalla Gemania (Comité Italien d’Assistance des Juifs réfugiés de l’Allemagne) à accueillir des Juifs allemands en Toscane dans des fermes-écoles Le 5 août 1935 le capitaine Fusco, Directeur de l’école militaire de Cittavecchia , informe ses supérieurs de la création d’une société anonyme fondée par les sionistes révisionnistes. Cette société a acheté un voilier, baptisé Sara . Il sera utilisé pour le transport des marchandises le long des côtes méditerranéennes, y compris la Palestine. Le bateau aura un drapeau italien. L’équipage sera composé de matelots italiens, y compris le commandant, Tiberio Paone,professeur à l’école de Civitavecchia. Le bateau prendra à son bord 26 élèves pour les entraîner à la vie de la mer. Les jeunes du Betar pourront organiser des réceptions à bord du bateau pour les communautés juives des villes où le bateau fera escale. SARA, d’une jauge de 700 tonnes, a été acquis à la demande de Zeev Jabotinski grâce au financement du militant Henri Krichner Sur la photo, datée au verso d’août 1935, SARA s’apprête à lever l’ancre. Le 31 Août, le bateau part chercher des douves à Naples pour les livrer à Séville Dès son arrivée à Séville, Paone contacte le consul d’Italie de la ville pour lui faire part de ses craintes « [...] Pendant toute la navigation et ici dans le port, lors de diverses occasions, j’ai dû faire des reproches aux élèves. Pour eux, le bateau est juif et appartient à une de leurs associations qui a son siège à Paris et qui est dirigée par M. Jabotinsky, dont je ne sais rien. En outre ils parlent du Betar (que je ne connais pas) et ils disent que ce bateau [appartient] au Betar, et c’est pour cette raison qu’ils se considèrent comme des apprentis maritimes relevant du Betar et non comme des véritables marins d’un bateau marchand italien. [...] Je constate qu’ils possèdent un uniforme avec des insignes en hébreu qu’ils ne portent pas, parce que je l’ai interdit. Je constate qu’ils ont l’intention de faire de la propagande juive, tant et si bien qu’ils cherchent des familles des communautés juives et leur font visiter le bateau. Ils ont en outre des timbres pour leur correspondance avec l’effigie du bateau et le nom de Sara en hébreu. Je ne connais pas leur formation politique, ni collectivement ni individuellement. J’ai vu que souvent leur chef, Monsieur Halperin, les réunissait en assemblée et ils discutaient dans une langue que ni moi ni mon équipage ne nous connaissons. [...] je me trouve dans l’impossibilité absolue de surveiller pour des raisons linguistiques leurs idées et leurs pas en dehors du bateau » Cippico, consul d’Italie à Séville, () fait part de leur mauvaise conduite () : ils ont reçu à bord de nombreuses visites de familles d’origine juive, et ostensiblement boycotté des produits allemands. Il exprime sa crainte que ce voyage, outre son côté pédagogique, ait un but inavoué de propagande() . De plus, il dit avoir connu le capitaine Helpern et son épouse présents sur le bateau. Ils tenaient à faire publier un article dans la presse locale, article que le capitaine Paone avait interdit »