Recensement des Juifs de Strasbourg, établi par Schneider, le 14 mars 1792 adressé à Guerin, chef de la police


Lettre manuscrite de Schneider, secrétaire du 3è arrondissement, adressée à M. Guerin, secrétaire en chef du département de la police, datée du 14 mars 1792.

Auteur
Schneider
Date de publication
1792-03-14
Siècle
18
Régime ou époque
Révolution française
Région
Europe de l'Ouest > France
Europe de l'Ouest > France > Alsace
Lieu d'édition
Strasbourg
Pays d'édition
France
Thématique
Recensement - Démographie
Antijudaïsme
Type de document
Lettre manuscrite
Langue principale
français
Format
In 8
Nombre de pages
4
Propriété
Collection Nicolas Philippe
Remarques sur le contexte historique

Le signataire Euloye Schneider, ancien moine franciscain, qui sera en 1793 accusateur public au Tribunal révolutionnaire de Strasbourg. En novembre et décembre 1793, il fera condamner à mort 28 personnes et s'en prendra ensuite aux Juifs En 1791, il s'installa à Strasbourg, et occupa de nombreuses fonctions au cours des années suivantes. Il fut vicaire épiscopal, professeur au séminaire, prédicateur à la cathédrale. il s'éloigna de plus en plus de la religion pour se tourner vers le mouvement révolutionnaire. Il devint conseiller municipal, rédacteur en chef et responsable de la revue "Argos", publiée à partir de juin 1792, et présida un certain temps le Club des Jacobins de Strasbourg. Sa radicalisation croissante l’amena à présider un certain temps le Comité de sureté générale et de surveillance, et à devenir commissaire civil et accusateur public au Tribunal révolutionnaire. À ce poste, il soutint la terreur et fit prononcer une trentaine de condamnations à mort. C’est à cette époque qu’il écrivit la première traduction en allemand de la Marseillaise. Le 15 décembre 1793, il épousa Sara Stamm, fille d'un marchand de vins de Strasbourg. Quelques heures après son mariage, il fut arrêté sur ordre de Saint-Just et du commissaire à la Convention et « adjoint en mission extraordinaire » pour l'Alsace, Philippe-François-Joseph Le Bas, et on l’attacha à la guillotine de la place d’Armes1 de Strasbourg. Déclaration du jury : Schneider, « ancien prêtre et né sujet de l'empereur (allemand) », est « entré hier à Strasbourg avec une faste démesuré, tiré par six chevaux et entouré de gardes au sabre nu ». C'est pourquoi « le dit Schneider doit être aujourd'hui (15 décembre 1793) exposé au peuple sur l'échafaud de la guillotine de dix heures du matin à deux heures de l'après-midi, afin d'expier la honte infligée aux coutumes de la république en train de naitre ». L'accusé devait alors être conduit « de brigade en brigade au Comité de la protection sociale de la Convention nationale à Paris ». Euloge Schneider commença par être emprisonné à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés à Paris. Là, il partageait sa cellule avec le comte Merville, un aristocrate opposant à la Révolution. Le 1er avril 1794, il fut guillotiné à Paris. " le 1er frimaire (21 novembre), les plus renommés Israélites strasbourgeois furentarrêtés: CerfBeer,LéopoldSamuel,IsaacWaltenheim (Isaac Leyser de Waldenheim), les frères Salomon Lévi, Abraham Cahn, Meyer Vetel et Meyer Dreyfus. ( Recueil , ibid.) Le procureur syndic du. Directoire du département du -Bas-Rhin pro¬ nonça contre eux un réquisitoire violent : « Il existe parmi ces hommes, dit-il, la loi inhumaine d'opérer sanguinament sur l'en¬ fant mâle qui naît, comme si la nature n'était pas parfaite. C'est un outrage a la divinité. Ils portent la barbe longue par ostenta¬ tion et pour singer les patriarches desquels ils n'ont pas hérité les vertus. Ils pratiquent une langue qu'ils ne connaissent pas et qui n'est plus usitée depuis longtemps. En conséquence, je re¬ quiers la commission provisoire de leur interdire ces usages et d'ordonner qu'un auto-dafé sera fait à la Vérité de tous les livres hébreux et principalement du Talmuth, dont l'auteur a été assez fripon de leur permettre de prêter à usure aux hommes qui ne se¬ raient pas de leur croyance. » (R. Reuss, Séligmann Alexandre,' p. 24.) La commission provisoire du district de Strasbourg décréta « que les propositions contenues dans le réquisitoire seraient exécutées par les municipalités respectives de la résidence des ci¬ toyens professant jusqu'à présent la loi de Moïse », que « pour cet effet, elles feront assembler les citoyens le décadi de cette décade et leur feront lecture de la présente délibération, en leur enjoi¬ gnant de s'y conformer, sous peine d'être traités comme sus¬ pects ». Il fut ordonné, en outre, aux municipalités du district « de réunir à l'instant tous les livres hébreux, notamment le Tal¬ muth, ainsi que tous les signes quelconques de leur culte et de les détruire La loi du 20 septembre 1792, qui ordonnait la remise des registres des naissances, des mariages et des décès de tous les cultes aux greffes des municipalités, fut un motif nouveau de poursuites contre les Juifs. Nombre de communautés n'avaient point obéi à la loi et n'avaient pas fait la remise, pour la simple raison, sans doute, qu'elles ne possédaient pas de registre d'état civil. Cela suffit pour faire considérer les ci-devant Juifs comme réfractaires à la loi, « fanatiques et ayant besoin d'être étroitement surveil¬ lés ». L'agent national du district de Strasbourg, le 14 prairial, rappela les communes à l'exécution de la loi. " (Ginsburger) "Parfois, la nuit, quand un orage menace, on voit s'avancer, sur la route de Mittelbergheim à Barr, un carrosse qui roule lentement. Si vous approchez, vous voyez que les chevaux ne sont que des squelettes et que le cocher tient à la main un large couteau. Le carrosse dégoutte de sang. A l'intérieur, un homme est assis, il tient sa tête sur ses genoux. Pour effrayer les passants attardés, il la leur tend par la portière. C'est Euloge Schneider, le grand massacreur de Strasbourg qui fit exécuter des milliers de personnes pendant la révolution." ( Contes d'Alsace,1920) https://www.dalsaceetdailleurs.com/2020/06/23/euloge-schneider-legende-de-la-terreur/ .

Bibliographie
Ginsburger, "Contributions à l'histoire des Juifs d'Alsace pendant la Terreur", in REJ 1903 p. 283 : "Actes du district de Strasbourg relatifs aux Juifs " in REJ 1910 p. 235 ; Evoque les "états dressés pour les différentes sections de Strasbourg en 1792-1793 (Archives municipales II, 79 )"
N° boîte
B04
N° d'inventaire
D010a
Permalien
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