Isaac Wurmser,instituteur,demande au Sénat d'intervenir en faveur des écoles libres israélites»


Par cette lettre , Isaac Wurmser , instituteur communal à Schalbach prévient l'AIU d'une démarche audacieuse: désireux "d'honorer le saint drapeau de Judée" , ce fils et frère (Moise à Blotzheim et Israel à Bionville) de rabbin saisit le Sénat d'une pétition pour obtenir le financement public des écoles juives dans toutes les communes où se trouve établie une communauté. Il demande également aux parlementaires d'instituer un enseignement public obligatoire. Isaac Wurmser entend ainsi remédier à la prudence des institutions juives. « Je vous le demande maintenant , Monsieur, quel Consistoire voudrait se charger d’une démarche aussi compromettante? Quelle autorité israélite aurait le courage de la faire ? » "La circonspection administrative" des Consistoires est "toute naturelle ": ils ne peuvent s'aliéner les Préfets qui décident d’autoriser ou non l’ouverture des écoles. Dans le Bas Rhin , le préfet est acquis à la cause des écoles . Mais ailleurs «une pétition au Sénat équivaudrait à une accusation contre le Préfet qui dans un esprit de partialité ne voudrait pas exécuter la loi en faveur de nos frères » L'AIU non plus ne veut rien faire: « Eh bien ce que le Consistoire ne peut faire, ce que votre société ne veut pas faire pour des raisons de convenance que je comprends parfaitement, je veux le tenter moi-même. Dans une supplique que j’adresse au Sénat, j’attire son attention sur la question de l’enseignement obligatoire et par parenthèse aussi sur l’affaire des écoles libres israélites Qui sait , le patriotisme et le dévouement de la première question ferait peut être bien recevoir la dernière En attendant , je dis comme vous : Courage et patience , Dieu nous viendra en aide " Il transmet au président de l'AIU "deux exemplaires de l’écrit que je publie en faveur de cette question de l’enseignement obligatoire" en lui demandant de transmettre l'un d'entre eux à l’attention du directeur de l’Opinion nationale « en vous priant de recommander mon écrit et son auteur à cet éminent écrivain".

Contrairement à ce qu'affirme Wurmser, les Consistoires se préoccupent du sujet. mais il est certain. que la couverture scolaire n'est pas satisfaisante: en décembre 1861, les Consistoires dee Lorraine et d'Alsace mettent à l'ordre du jour l'ouverture d'écoles dans toutes les communautés d'une certaine importance 

Plus généralement les écoles primaires israélites se sont multipliées sous le Second Empire. ( Katy Hazan, Archives Juives, II/2002)

 

Date de publication
1862-03-07
Siècle
19
Régime ou époque
Second Empire
Région
Europe de l'Ouest > France
Europe de l'Ouest > France > Lorraine
Lieu d'édition
Schalbach (Meurthe)
Pays d'édition
France
Thématique
Education
Education > Education juive - Talmud Thora
Education > Instruction publique
Type de document
Lettre manuscrite
Langue principale
français
Format
In 8
Nombre de pages
2
Propriété
Collection Nicolas Philippe
Remarques sur le contexte historique

La brochure de Wurmser a été publiée sous le titre "quelques reflexions d'un instituteur" et  le sénateur Larabit  en a fait rapport en séance publique. 

Selon le parlementaire, de multiples pétitions ont déjà demandé que l'enseignement primaire devienne obligatoire.Les  professeurs défendent ainsi leurs intérêts matériels:

 » Si un certain nombre d’entre eux ne voient dans cette question qu’une augmentation d’élèves pour leurs écoles et de rétribution pour eux, il est nécessaire qu’ils prennent patience et qu’ils attendent les progrès du temps."

 

Le pétitionnaire veut aussi que dans les communes où différents cultes soient représentés, il y ait une école pour chaque culte . « Le pétitionnaire , qui est sans doute israélite, demande qu’il y ait une école primaire publique pour les Israélites dans toutes le communes de Lorraine ou d’Alsace , où leur culte est très répandu. Il se plaint des conseils municipaux qui ne veulent entretenir qu’une seule école publique et il invoque la loi du 15 mars 1850 sur l’enseignement Le pétitionnaire se méprend sur le sens de cette loi ; elle se borne à exiger qu’il y ait au moins une école publique dans chaque commune ; mais elle ne peut enjoindre aux communes d’avoir autant d’écoles qu’il s’y trouve de religions diverses () La loi de 1850 a organisé la libeté de l’enseignement et les israélites peuvent très bien se réunir pour fonder une école privée libre dirigée par un instituteur appartenant à leur culte » (Mr Larabit , séance du 13 juin , in Univers Israélite , vol 17) La  Loi de 1850 dite loi Falloux , très favorable au parti clérical,est  contesté pour cette raison par Victor Hugo. et les Républicains.

L'obligation pour les communes de créer une école de garçons a été instituée par la loi Guizot du 28 juin 1833. Selon ce texte, le Ministre de l'Instruction publique peut après avoir entendu le conseil municipal "autoriser à titre d'écoles communales des écoles plus particulièrement affectées à l'un des cultes reconnus par l'Etat". Les Consistoires peuvent donc demander la communalisation des écoles israélites ce qui permet de bénéficier de subventions publiques , assorties d'un contrôle du contenu et de la qualité de l'enseignement.

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Bibliographie
Anny Bloch Raymond, "les écoles primaires israélites en Alsace au XIX°Siècle", Archives juives 2006/2
N° boîte
B02
N° d'inventaire
D018b
Permalien
https://fhju.fr/idurl/1/1695


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