"Une des familles les plus riches du ghetto, les Toscano, dont A.Milano pense qu'elle vint s'installer à Rome après la fermeture en 1570 des banques juives de Toscane, semble avoir été particulierement bien en cours au Saint Siège. Un de ses membres, Salomon Toscano, devint en 1623 l'estimateur oficiel des "dépouilles ecclesiastiques", c'est-à-dire des biens des prélats décédés qui revenaient au Saint Siège. La même année, Gregoire XIV lui témoigne sa faveur en lui permettant d'épouser une seconde femme du vivant de la première." L’histoire des Juifs d’Italie du XIVème au XVIème siècle est dominée par la caste des banquiers bénéficiant de privilèges particuliers. Leur vie privée est très mal connue ("awalled garden, difficult to penetrate", Milano, JQR p. 150) et il n’y a aucune chronique connue à leur propos. Ce manuscrit supplée à cette absence et il fournit également nombre d’indications sur la nature des opération seffectuées par ces banquiers. Il n’est pas d’autre exemple d’un document de cette époque fournissant autant d’informations sur une famille. Milano indique qu’il existe sur l’activité des banquiers de cette époque deux ouvrages aux Archives historiques du capitole. la famillle Toscano détenait un important établissement bancaire à Florence qu’elle a conservé après avoir obtenu la licence de banque à Rome, puis un autre à Lugo (1605). Elle s’est établie à Rome en 1590, protégée par Sixte V. Leur licence bancaire est obtenue en 1591 (E. Loevinson, La concession des banques de prêts aux Juifs par les Papes des XVIème et XVIIème siècles, in REJ XCIV (1913), ?181) il y a alors 69 licences juives. En 1625, Angelo Toscano est secrétaire de la communauté (Volgenstein p. 343), membre de conseil de 60 depuis 1617 (Berliner p. 190 qui mentionne aussi son petit fils Giuseppe aux mêmes fonctions de 1640 à 1655.) En 1623, Salomone, qui a épousé Giammilla en 1603 demande au Pape Grégoire XV le droit d’ avoir deux épouses. Il obtient satisfaction sous condition que la seconde épouse vive en dehors de Rome pendant la durée de vie de la première. (Bruzzone, Documents sur les Juifs des Etats pontificaux REJ XIX (1889) 132-3) "In the margin of the manuscript containing the licence the Procamelingo adds that a fine of a thousand ducats would be imposed on anyone who would place obstacles against the execution of the pontifical order." - Fidantiae et pacta sponsalia : engagement de mariage mutuel ; type de contrat existant depuis l’époque rabbinique jusqu’à la renaissance établi entre les parents et non entre les promis - Le contrat est ratifié par les époux lors du mariage à réception de la dot, devant notaire. 14 décembre 1614, pacte en latin relatif à Rosa, troisième fille d’Elia avec Michèle fils du banquier David di Segni. Rosa qui est mineure (13 ans) est représentée par son père. Indemnités de rupture, 2000 scudi de dot, ce qui est considérable. Clauses en cas de décès, clause d’abandon par les frères non mariés de la Chalizah. Le pacte pour Anna, fille de Giuseppe Toscano jr et Abramo di Raffaele da Rignano, exécuté le 2 décembre 1640 est en italien. Idem pour pacte de Gentildonna, seconde fille d’Elia Toscano, épouse un banquier. Autres actes : 30 aout 1622 : Ricca , 4ème fille d’Elia Toscano épouse son oncle Angelo di Giuseppe Toscano, associé de la banque. Dot : 2150 scudi. Zevia, la plus jeune fille le 22 novembre 1627, 17 ans avec Emanuele Tedesco après un engagement d’un an et demi 2500 scudi. Giuseppe, fils d’Elia épouse Astruga di Segni, belle-sœur de Rosa. En tout pour ses quatre filles, Elia a versé 8650 scudi de dot. Génération suivante : Elia di Giuseppe Toscano épouse sa cousine Leotta di Segni. Anna di Giuseppe Toscano son cousin Abramo da Rignano. Salomone di Elia Toscano sa cousine Flaminia Tedesco. Les contrats de mariage fournissent le détail de la dot en particulier les immeubles soumis au Jus Gazaga. (Chazakah) Les Juifs obligés de vivre dans le ghetto, et n’ayant pas le droit de propriété, en 1604, Clement VIII interdit aux propriétaires l’augmentation du prix du loyer ou l’éviction. Droit perpétuel et transmissible. Loyers augmentés si améliorations apportées par le propriétaire. Avril 1619 : Elia Toscano achète son premier jus gazaga de diana caviglia, paye 1050 scudi. Part d’une maison située Via retta (la Rua) , principale rue du ghetto appartenant à Lotario Conti, Duc de Poli, loyer semestriel de 12,25 Euros. Le Jus correspond donc à 40 ans de loyer. Agrandit sa propriété à la suite d’une enchère appartenant à Leone Asdriglia. Accord avec le duc ultérieur : moyenneant 725 scudi, obtient le droit de faire des travaux (exécution 1645). Autres gazaga Angelo, Moise di Segni, maison adjacenter appartenant au monastère de San Lorenzo revendu lors succession Di segni. Agrandissements le 15 septembre 1644 (deux chambres), détail du bail. Toutes ces maisons donnnent le nom à la rue : le long de la Via Rua, la piazzeta di leone asadriglia devient Piazzeta dei Toscano. 1612 : acte de partage de fortune entre les trois frères. 26 décembre 1633 : acte de partage succession Salomone, partage des jus gazaga et licence banque.