la première réunion publique de Herzl sur le sionisme 1er octobre 1895


Lettre manuscrite d'Israel Zangwill adressée à Max Nordau. Lettre datée du 1er octobre 1895.

Auteur
Zangwill, Israël (1864-1926)
Date de publication
1895-10-01
Siècle
19
Région
Europe de l'Ouest > Royaume-Uni
Lieu d'édition
Londres
Pays d'édition
Royaume-Uni
Thématique
Sionisme
Type de document
Lettre manuscrite
Langue principale
anglais
Format
In 8
Nombre de pages
2
Propriété
Collection Nicolas Philippe
Remarques sur le contexte historique

Par cette lettre, l’écrivain Israel Zangwill invite le psychiatre Max Nordau à venir diner à son Club, le Club des Maccabées, dont il fut en 1891 un membre fondateur. Nordau va se faire remplacer par Theodor Herzl , qui pour la première fois va exposer en public sa théorie sur la création d'un Etat juif. Zangwill et Nordau se sont rencontrés en mai 1895 chez l’éditeur Wiliam Heineman à l’occasion de la parution de l’édition anglaise de l’ouvrage de Nordau « Dégénerescence ». En juin, Nordau a fait une autre rencontre : Theodor Herzl est venu le consulter parce qu’il s’inquiète de son état mental . Il était en état de grande excitation, se préparant à coucher sur le papier ses idées sur la création d’un Etat juif. Il s’en est ouvert à son ami Schiff qui a émis de sérieux doutes sur la santé psychique de l’auteur. Cette idée noire traverse Herzl qui écrit dans son Journal, le 16 juin: « Au cours de ces dernies jours, je me suis inquiété de savoir si je n’étais pas en train de devenir fou » Nordau, loin de déceler une maladie mentale chez son patient, a été conquis par sa présentation et s’est aussitôt rangé à ses côtés. Il est le premier fidèle et il sera son vaillant second. Ils ne se quittent plus. Le 5 Juillet, ils boivent ensemble des pintes de bière et discutent de la question juive. Herzl note que leur accord est complet et que c’est la première fois que cela lui arrive. Aussi, quand Nordau reçoit cette lettre d’invitation de Zangwill, il songe aussitôt à Herzl pour se substituer à lui : quelle belle opportunité pour celui qui n’est pas encore le fondateur du sionisme, qui ne s’est encore jamais exprimé en public, de saisir cette occasion. Il lui en parle le 17 novembre : « Il m’a recommandé d’aller au Club des Maccabées à Londres dont il a été le premier à me parler. C’est l’instrument idéal pour mes besoins : des artistes ,des écrivains , des intellectuels juifs de tous types. Le nom du Club en dit assez. Le Colonel Goldsmid et Mocatta , qu’on m’a déjà cités , en seraient membres. Nordau me donne une lettre d’introduction auprès d’Israel Zangwill qui est un Macchabéen et un écrivain » C’est donc Herzl qui va s’en aller diner à Londres chez les Maccabées. Il a proposé à Nordau de l’accompagner, le psychiatre a promis de le rejoindre en cas de besoin. Jacob de Haas, secrétaire du premier congrès sioniste et biographe de Herzl a souligné ce moment décisif : « Nordau lui a ainsi ouvert la grande porte du judaisme grâce à cette introduction à Israel Zangwill. Herzl n’avait jamais entendu parler de l’auteur des enfants du ghetto » ( T1 P 89) Zangwill , qui va devenir aussi un puissant soutien du mouvement a relaté sa première rencontre avec Herzl, le 21 novembre "Ït seems only the other day since a black-bearded stranger knocked at my study door, like one dropped from the skies, and said : Ï am Theodor Herzl. Help me to rebuild the Jewish state." Since that day he has gone from miracle to miracle, from impossibility to impossibility." De son côté , Herzl est frappé par le capharnaum du bureau de Zangwill L’événement a lieu le dimanche 24 novembre 1895 au restaurant Saint James Hall L’affaire n’a donc pas trainé : sept semaines seulement se sont écoulées depuis la proposition de Zangwill à Nordau et 4 jours depuis la discussion entre Herzl et Nordau. Le déroulement de ce moment fondateur dans l’histoire du sionisme est connu. Les commensaux ont d’abord attaqué le repas que Herzl trouve assez mauvais. Ils sont quelques dizaines à être venus assister à la causerie de cet inconnu. Puis Zangwill a présenté Theodor Herzl. Il sait de lui ce que lui en a relaté Nordau dans sa lettre du 17 Novembre, conservée dans les archives du mouvement sioniste : « un gentleman sérieux, même s’il est quelque peu enthousiaste », qui a « élaboré un plan pour résoudre la question antisémite. » Le ton de Zangwill est assez caustique Herzl prend la parole sur un ton « tranquille, impersonnel , même un peu distant » ( Bentwich , « Herbert Bentwich , the pilgrim father »Jerusalem 1940 ). Il ne convainc pas et le comité décidera d’ailleurs de na pas le soutenir, par un formule très british : » Herzl était un brave homme , un de ces fous qui font le sel de la vie mais nous refusâmes de nous prononcer sur la question de savoir si on l’aiderait ou non » ( Lucien Wolf , Daily Télégraphic , Londres , 16 août 1900) A titre de consolation , Herzl est fait membre d’honneur du Club, ce qui ne coûte rien. Mais cette réunion n’en est pas moins décisive dans son parcours personnel puisqu’il confie à De Haas que c’est à son occasion qu’il conceptualise l’idée qu’il doit créer une « société des Juifs » pour faire triompher son projet.

N° boîte
GB02
N° d'inventaire
D005a
Permalien
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