La retraite de Russie de la Grande Armée, entamée en Octobre 1812 a décimé la cavalerie légère. Un sénatus-consulte du 3 avril 1813 crée quatre régiments de gardes d’honneur composés de 5 000 et 10 000 cavaliers pour la reconstituer. Ces volontaires sont censés payant leur uniforme, leur armement et leur harnachement. Ils sont peu nombreux et on comprend que le préfet du Haut Rhin songe aux Juifs d’Alsace pour faciliter ce recrutement.
Mais, comme le reste de la population française, les Juifs sont lassés par ces guerres.
Erckmann Chatrian avait relevé ce manque d’enthousiasme à l’occasion des sièges de Phalsbourg en 1814 et 1815 : « Lorsque le baron Parmentier exhorte les Phalsbourgeois à montrer leur dévouement à l'Empire et à obéir à l'autorité militaire «pour le salut de la France», les Juifs ne montrent guère d'enthousiasme. «Elias, le boucher, et Kalmes Lévy, le marchand de rubans, se trouvaient près de nous. Au lieu de crier comme les autres : Vive l'Empereur ! ils se disaient entre eux : - Bon ! nous ne sommes pas barons, nous ! Les barons, les comtes et les ducs n'ont qu'à se défendre eux-mêmes. Est-ce que leurs affaires nous regardent ?» (1 7 2 ). Et à la fin du discours, alors que la foule redescend la grand'rue pleine d'ardeur guerrière, en criant «Vive l'Empereur», Elias ne put s'empêcher de dire au vieil horloger Goulden. «- Comment, vous, monsieur Goulder, un homme raisonnable, et qui n'avez jamais rien voulu de l'empereur, vous allez maintenant le soutenir, et vous criez qu'il faut se défendre jusqu'à la mort ! Est-ce que c'est notre métier, à nous, d'être soldats ? Est-ce que nous n'avons pas assez fourni de soldats à l'Empire, depuis six ans ? Est-ce qu'il n'en a pas assez fait tuer ? Faut-il encore lui donner notre sang, pour soutenir des barons, des comtes, des ducs ? ...» (Raphael p. 132) 465
La famille Sée vit à Bergheim depuis presque un siècle (1716). Elle quittera la ville en 1832 à la suite de troubles anti-juifs. En 1813, la ville compte un peu plus de 3 000 habitants.