Les Juifs de Bergheim refusent de payer pour la poursuite des guerres napoléoniennes


Lettre manuscrite du Maire de la Ville de Bergheim adressée au Secrétaire Général de la Préfecture remplissant les fonctions de Sous-Préfet de l'arrondissement de Colmar, datée du 9 août 1813.

Lettre concernant l'habillement et l'équipement des gardes d'honneur. Mention d'Isaac Lévi qui a refusé d'accepter l'invitation qui lui est adressée.

"J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint 9 reçus pour autant de lettres de Monsieur le Préfet que j’ai remis à autant d’individus de cette commune portant invitation de contribuer à la formation d’un fonds commun destiné à l’habillement et l’équipement de gardes d’honneur. Isaac Levy ayant refusé absolument d’accepter celle qui lui est adressée malgré mes invitations réitérées sous prétexte qu’il était trop imposé, j’ai pensé devoir vous la retourner ainsi que celle pour les héritiers de feu Abraham Sée dont le tuteur Isaac Sée m’a déclaré ne pouvoir faire sans une autorisation spéciale le versement demandé à ses pupilles."

Date de publication
1813-08-09
Siècle
19
Régime ou époque
Premier Empire
Région
Europe de l'Ouest > France > Alsace
Lieu d'édition
Bergheim
Pays d'édition
France
Thématique
Finance > Taxes et impôts
Intégration à la vie nationale > Patriotisme
Type de document
Lettre manuscrite
Langue principale
français
Format
In 4
Nombre de pages
2
Présence d'une illustration
Ecusson en première page.
Propriété
Collection Nicolas Philippe
Remarques sur le contexte historique

La retraite de Russie de la Grande Armée, entamée en Octobre 1812 a décimé la cavalerie légère. Un sénatus-consulte du 3 avril 1813 crée quatre régiments de gardes d’honneur composés de 5 000 et 10 000 cavaliers pour la reconstituer. Ces volontaires sont censés payant leur uniforme, leur armement et leur harnachement. Ils sont peu nombreux et on comprend que le préfet du Haut Rhin songe aux Juifs d’Alsace pour faciliter ce recrutement.

Mais, comme le reste de la population française, les Juifs sont lassés par ces guerres.

Erckmann Chatrian avait relevé ce manque d’enthousiasme à l’occasion des sièges de Phalsbourg en 1814 et 1815 : « Lorsque le baron Parmentier exhorte les Phalsbourgeois à montrer leur dévouement à l'Empire et à obéir à l'autorité militaire «pour le salut de la France», les Juifs ne montrent guère d'enthousiasme. «Elias, le boucher, et Kalmes Lévy, le marchand de rubans, se trouvaient près de nous. Au lieu de crier comme les autres : Vive l'Empereur ! ils se disaient entre eux : - Bon ! nous ne sommes pas barons, nous ! Les barons, les comtes et les ducs n'ont qu'à se défendre eux-mêmes. Est-ce que leurs affaires nous regardent ?» (1 7 2 ). Et à la fin du discours, alors que la foule redescend la grand'rue pleine d'ardeur guerrière, en criant «Vive l'Empereur», Elias ne put s'empêcher de dire au vieil horloger Goulden. «- Comment, vous, monsieur Goulder, un homme raisonnable, et qui n'avez jamais rien voulu de l'empereur, vous allez maintenant le soutenir, et vous criez qu'il faut se défendre jusqu'à la mort ! Est-ce que c'est notre métier, à nous, d'être soldats ? Est-ce que nous n'avons pas assez fourni de soldats à l'Empire, depuis six ans ? Est-ce qu'il n'en a pas assez fait tuer ? Faut-il encore lui donner notre sang, pour soutenir des barons, des comtes, des ducs ? ...» (Raphael p. 132) 465

La famille Sée vit à Bergheim depuis presque un siècle (1716). Elle quittera la ville en 1832 à la suite de troubles anti-juifs. En 1813, la ville compte un peu plus de 3 000 habitants.

Bibliographie
Lévy-Schneider Léon. E.-L. Bucquoy. Les Gardes d'honneur du premier Empire, 1908, In Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 10 n°4, 1908. p. 372-374 Raphael Freddy, Présence du Juifs dans l'oeuvre d'Erckmann-Chatrian, mythe et témoignage
N° boîte
B18
N° d'inventaire
D035
Permalien
https://fhju.fr/idurl/1/292


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