"La défense du malheureux Dreyfus continuera de plus belle et cette défense est tout ce qui nous reste de l’honneur de notre pays" Edmond Gast à Melle Cabarrus,13 août 1898


Evocation des séjours de Picquart à La terrasse de Sainte Odile : « il allait dans le temps passer plusieurs semaines là haut dans ce couvent, couchant dans la bibliothèque , par faveur, car il était très connu et la « freie mutter » la supérieure l’appelait de son prénom , en diminutif alsacien « Quelle tristesse pour la France ,( ) quelle désillusion sur tout ce à quoi on pouvait encore croire ! Le Uhlan se promène avec la fille Pays. Les faux n’en étaient pas , ou s’ils en étaient , ils n’avaient pas de valeur pour la Chambre des mises en accusation, ils ne devaient perdre que Picquart et qui se soucie de lui ? Qu’est ce que cela peut faire qu’on le déshonore. Voilà où nous en sommes . Je l’ai vu hier à la Santé, admirable de courage , de bonne humeur et d’espérances.La physionomie est toujours la même ,l’oeil un peu plus vif , plus souvent traversé par des éclairs brillants qui s’apaisent rapidement , et voilà tout.Quel tempérament , quelle constance , quel courage !et il en faut en face de tout ce qu’on fait sinon pour l’accabler , tout au moins pour disculper tous ceux que à juste titre il accuse.Pour lui, je suis plus tranquille , je ne crois pas qu’on puisse arriver à rien lui reprocher et maintenant j’incline à croire que malgré tout , on sera obligé de rendre un non lieu ou de l’acquitter.Je ne crois pas qu’on en arrive au Tribunal, le gouvernement doit trop craindre la moindre parole montrant son infamie d’avoir relâché tant de coupables. Il n’ya toujours àredouter qu’une sanction qui , il est vrai , serait terrible , c’est le conseil de guerre à Paris et là la basse vengeance de ceux qu’il a accusés . Malgré tout je ne crois pas que rien ne soit fini. La défense du malheureux Dreyfus continuera de plus belle et cette défense est tout ce qui nous reste de l’honneur de notre pays. Trarieux vient ce soir ici pour les deux jours de suite ; il est seul à Paris , je lui ai offert l’hospitalité,il l’a accepté , je luis dois bien cela, à cet homme admirable qui saccrifie tout pour la défense de Picquart () Nous pensons que mardi ou mercredi nous saurons à quoi nous en tenir pour mon cousin. Alors seulement je saurais ce que je pourrais faire. Libre , je lui proposerai de venir se reposer chez moi.Dans le cas contraire, je tâcherai de l’assister du plu que je pourrai

Auteur
Gast, Edmond (1857-1944)
Date de publication
1898-08-13
Siècle
19
Régime ou époque
Troisième République
Région
Europe de l'Ouest > France
Pays d'édition
France
Parcours de vie
Affaire Dreyfus
Thématique
Acte judiciaire > Affaire Dreyfus
Type de document
Lettre manuscrite
Langue principale
français
Format
In 8
Nombre de pages
4
Propriété
Collection Nicolas Philippe
N° boîte
B08
N° d'inventaire
D020
Permalien
https://fhju.fr/idurl/1/338


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