Smul Majer Magnuszewski perd la nationalité française

Lettre tapuscrite du Préfet de la Creuse adressée au Maire de la Souterraine 21 janvier 1944


Smuel Majer Magnuszewski n'est plus français. Le secrétaire général de la Préfecture de la Creuse en informe le maire de la Souterraine. Selon ce document , l'interessé est né le 27 avril 1920 à Radom ( Pologne). Des policiers à Toulouse lui ont notifié le 24 décembre 1943 sa déchéance de la nationalité françaiseIl a été mis en demeure de rejoindre son domicile à l'hôtel Gazonneaud à La Souterraine. La préfecture demande d'urgence à la mairie d'indiquer si la situation de cet étranger a été "régularisée" , c'est à dire prise en compte

Date de publication
1944-01-21
Siècle
20
Régime ou époque
VICHY
Région
Europe de l'Ouest > France
Europe de l'Ouest > France > Aquitaine
Lieu d'édition
Guéret
Pays d'édition
France
Thématique
Persécution
Immigration > Juifs d'origine étrangère
Persécution > dénaturalisation
Type de document
Lettre tapuscrite
Langue principale
français
Format
In 8
Nombre de pages
1
Propriété
collection Nicolas Philippe
Remarques sur le contexte historique

Par la loi du 22 juillet 1940, l'Etat français a décidé de réexaminer les régularisations accordées depuis une loi du 10 aout 1927, ce qui vise 650 000 personnes. Cette loi avait facilité l'acquisition de la nationalité française. L'opération est réalisée par une Commission de révision des naturalisations rattachée au garde dee sceaux présidée par un conseiller d'Etat , chargée de donner des avis. Selon un commentaire officieux paru au JO du 26 juillet 1940, sont visés " tous ceux qui se sont , pour des faits divers, rendus indignes d'être des notres." La décision est rendue sur dossier sans auditions des personnes qui n'ont aucun moyen de faire valoir leur défense.

Cette mesure aboutit au retrait de la nationalité de plus de 15 000 personnes dont environ 6300 Juifs, ce qui représenterait plus du quart des Juifs naturalisés.

Sur la déchéance de la nationalité de Smuel: il a perdu la nationalité par l'effet d'un décrêt du 20 aout 1942.Aucun décret de dénaturalisation n'a été signé entre le 28 mars et le 8 aout 1942 , ce qui correspond à la date du premier convoi pour Auschwitz ( 27 mars ) . Mais le 2 juillet 1942, René BOUSQUET, représentant l'Etat français s'engage à collaborer pour déporter les Juifs étrangersLes Juifs étrangers étant à cette période déportés par priorité , la dénaturalisation expose à la mort:" Jusqu'alors, les personnes perdant leur nationalité n'étaient passibles que d'un internement en camp spécial ou en groupements d'étrangers. Le départ vers l'Est des premiers convois modifie radicalement la portée de la loi puisque ses victimes encourent désormais le resuqe d'être déportées " ( Bernard LAGUERRE p 8). Le signatire du décret visant Smuel sait donc qu'il s'expose à la déportation

La famille de Smuel est décimée: toute la famille a été arrétée le 16 juillet 1942 , lors de la rafle du Vel d'Hiv , à son domicile à Paris 18°, 11 passage du Mont Cenis

Rucla ou Rutla MAGNUSZEWSKI , née le 16 avril 1905 à Brzezny( Pologne) est déportée  6 jours plus tard avec ses deux  enfants , Charlotte, 5 ans et Joseph 8ans.  Abraham, le père , 32 ans est déporté de Pithiviers le 17 juillet 1942

Bibliographie
Laguerre Bernard. Les dénaturalisés de Vichy (1940-1944). In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°20, octobre-décembre 1988. pp. 3-15;
N° boîte
B27
N° d'inventaire
D006
Permalien
https://fhju.fr/idurl/1/3535


Documents similaires