Léopold Levy de Soultz demande au Conseil Général d'interdire les surenchères des remplaçants militaires (1849)


Lettre manuscrite à en-tête de la Maison S. Levy Frères,  propriétaires, 43 grans rue à Soultz, Bureau à Mulhouse, 2 rue du Sauvage 28 août 1849, Soultz adressée à Mr Nizole Père , avocat, membre du Conseil Général

En marge: " sans suite" 

"Il est de la plus grande urgence de vous adresser la présente en prenant la liberté de vous donner connaissance des abus qui se manifestent dans le département du Haut Rhin sous le rapport du recrutement, abus qui s'ils devenaient continuels entraineraient les suites les plus fâcheuses et seroient cause d'un grand nombre de malheurs pour la suppression desquels j'ai l'honneur , Monsieur, de solliciter votre appui auprès du Conseil Général.

Déjà dans sa session de 1843, le Conseil Général dont vous êtes l'honorable membre a bien voulu prendre les intérêts des pères de famille dont les jeunes gens se proposaient de servir comme remplaçants en ordonnant que tout remplaçant militaire ne pourra obtenir ses pièces pour remplacer sans avoir justifié du consentement formel des parents; quelques temps après , Monsieur le Préfet du Haut Rhin a fait publier par une circulaire en faisant enjoindre à Messieurs les maires du département de ne point remettre à des tiers les pièces destinées aux remplaçants qui ne devront sous aucun prétexte et en aucun cas être remises qu'aux remplaçants eux même lors même qu'on soit porteur d'une procuration. Et enfin , par une autre circulaire publiée récemment , ce magistrat a bien voulu prendre les intérêts des familles en faisant ordonner que les pièces destinées aux remplaçants doivent être adressées au domicile de leurs parents.

Mr le Préfet en prenant cette dernière mesure a sans doute cru agir dans les intérêts des familles dont les fils se proposaient de servir comme remplaçants mais il est prouvé par le fait suivant qui existe effectivement qu'il est tout à fait le contraire: le remplaçant, après avoir pris un engagement soit avec un père de famille soit avec nous moyennant un certain prix et de manière à ce qu'il soit loyalement payé de la somme stipulée dans son compromis , est obligé de soumettre les pièces qu'il aura produites à l'approbation de Monsieur le Préfet. Dans l'intervalle que ces pièces sont déposées à la Préfecture,un courtier sans moralité ni existence vient instruire le jeune homme à l'insu de la famille dont il doit remplacer le fils du contenu de la circulaire par laquelle  il a été recommandé à messieurs les maires de ne remettre les pièces qu'au titulaire lui même et lui promet une augmentation du prix de 200 à 300 francs et une fois que ce courtier est possesseur des pièces du remplaçant , il cherche à le trainer d'une ville à l'autre jusqu'à ce que le pauvre remplaçant soit enfin obligé de consentir à la diminution proposée par son courtier, lors même que le père de famille vient alors réclamer auprès du maire les pièces destinées à son remplaçant auquel il a fait une avance considérable en nourriture, pension et autres , c'est en vain , attendu que suivant la circulaire jointe à l'envoi des pièces , le maire est obligé pour se conformer aux instructions de ne remettre les pièces qu'au remplaçant lui même sans jamais pouvoir les remettre à une tierce personne.La suite en est que nos seulement le père de famille ou tout autre honnête homme est trompé mais encore le remplaçant lui même est victime de la mauvaise foi du courtier qui après l'avoir décrit , lui fait une diminution sur le prix à lui promis.De sorte qu'au lieu de recevoir par exemple 1200 francs ,il n'en reçoit que 800 à 900 francs quelquefois. Je trouve en conséquence bien juste, Monsieur, que le Conseil Général veuille prendre en considération ces abus graves et avise des moyens de leur suppression de telle manière qque ni le père de famille ni le remplaçant ni enfin son agent reconnu comme honnête homme ne soit la dûpe. Le moyen le plus simple pour mettre enfin un terme à ces fraudes et injustices serait: 

- Qu'il soit ordonné par l'Administration supérieure, que si le cas arrivait qu'il se   présenterait un remplaçant engagé par un père de famille ou tout autre agent honnête qui auront fait une avance au remplaçant qu'en ce cas , messieurs les maires seraient autorisés à ne point remettre au jeune homme les pièces pour remplacer à moins que celui ci n'ait remboursé à qui de droit le montant des avances qui lui auront été fait loyalement . C'est laors que le remplaçant sachant d'avance qu'il seroit obligé de payer les sommes qui lui seront avancées soit par le père de famille ou autre ne penserait nullement à faire du tort ni à l'un ni à l'autre et par conséquent remplacerait pour celui qui l'a été engagé

C'eest donc en vous adressant la présente , Monsieur, que je réclame votre bienveillance et celle des honorables membres du Conseil Général qui sans doute , comme il y a lieu d'espérer, voudront bien apprécier combien il importe de supprimer ces abus et prêter l'appui exigé en pareilles circonstances pour être prise en considération, demande que j'ai l'honneur de vous adresser simplement dans l'intérêt des familles et de leurs fondés de pouvoir ( chargés du remplacement de leurs fils)enfin que des familles qui engagent elle même des remplaçants soient assurées qu'elles puissent compter sur leur moralité."

Date de publication
1849-08-28
Siècle
19
Régime ou époque
Deuxième République
Région
Europe de l'Ouest > France
Europe de l'Ouest > France > Alsace
Lieu d'édition
Soultz
Pays d'édition
France
Thématique
Commerce
Intégration à la vie nationale > Vie militaire
Métiers > courtier en remplaçant militaire
Type de document
Lettre manuscrite
Langue principale
français
Format
In 4
Nombre de pages
4
Propriété
Collection Nicolas Philippe
N° boîte
B28
N° d'inventaire
D058
Permalien
https://fhju.fr/idurl/1/3651


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