Perla Saban cherche à prouver qu'elle est turque pour échapper à la déportation (1942)


Attestation du Consulat général de Turquie à Paris adressée à Mme Perla Saban, "fille de Haïm Lévi et de Sara, née en 1289 (1873) à Istanbul" au sujet de sa recherche de nationalité. Sa mère étant née à Istanbul, Perla Saban cherche à faire établir qu'elle est de nationalité turque.

Attestation datée du 16 décembre 1942, valable pour trois mois. Tampon du Consulat et cinq timbres de Turquie. Inscription manuscrite au dos.

Voir documents en lien : 

https://fhju.fr/idurl/1/771 

https://fhju.fr/idurl/1/813 

Date de publication
1942-12-16
Siècle
20
Régime ou époque
Seconde Guerre Mondiale
Région
Proche et Moyen-Orient > Turquie
Lieu d'édition
Paris
Pays d'édition
France
Parcours de vie
Perla Saban
Thématique
Persécution
Type de document
Certificat - Attestation administrative
Langue principale
français
Format
In 4
Nombre de pages
2
Propriété
Collection Nicolas Philippe
Remarques sur le contexte historique

Le droit international garantit la vie et la propriété aux citoyens des États neutres dans les territoires militairement occupés. Invoquant ce principe, les consuls de Turquie interviennent auprès des autorités d’occupation pour protéger leurs ressortissants qui furent dans un premier temps considérés comme « non déportables » et exemptés du port de l’étoile jaune. Ces exceptions étaient toutefois temporaires et accordées sans aucune garantie. Mais dans le même temps, les Turcs procèdent à des dénaturalisations massives. Une loi sur la nationalité de 1928 impose aux citoyens turcs vivant à l’étranger de s’inscrire sur la liste consulaire et de renouveler cette inscription tous les 5 ans à peine de perte de la nationalité. Un décret non publié de 1938 prescrit d’appliquer cette règle avec rigueur à l’égard des Juifs. Ces dénaturalisations sont faites à l’insu des intéressés.

Beaucoup des Juifs turcs emprisonnés à Drancy ou à Compiègne pourraient avoir seulement appris au cours de leur détention que la Turquie ne leur reconnaissait plus leur nationalité. C’est ce qui ressort de quelques lettres désespérées dans lesquelles ils demandent à leurs proches de leur envoyer enfin les papiers nécessaires et précisent que d’autres Juifs ressortissants d’États neutres ont déjà été libérés de Drancy.  En février 1943, le consul turc à Paris informa les instances allemandes que sur plus de 3 000 Juifs figurant sur la liste, seuls 631 seraient reconnus comme citoyens turcs. Par ailleurs la protection consulaire est aléatoire. Le consul de Turquie réclame le 21 août 1942 la libération de 16 Juifs mais plusieurs centaines d’autres sont arrétés pour lesquels il n’intervint pas. À la mi-octobre 1941, on comptait, dans les trois camps de Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, 365 personnes que les Allemands considéraient comme des « Juifs turcs ». Lorsque le consul général de Paris Cevdet Dulger propose un rapatriement, Ankara s’y oppose.

Bibliographie
GUTTSTADT Corry, MANNONI Olivier, « La politique de la Turquie pendant la Shoah », Revue d’Histoire de la Shoah, Akpamuk Gunce « Les influences de la politique étrangère turque pendant la 2°guerre mondiale sur les Juifs d’origine turque en France »
N° boîte
B06
N° d'inventaire
D021b
Permalien
https://fhju.fr/idurl/1/795


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